Lumière sur la place

Seul cinéma en activité dans la cité des inventeurs du 7ème art, le cinéma Lumière a succédé en 1987 au Kursaal, qui lui même avait occupé une halle du marché couvert du XIXème.

KURSAAL.jpgLe jour, il est l'aboutissement d'une belle allée piétonne tressée de verdure, au coeur de la place du marché. Le soir, ses lumières éclairent les affiches de films, sous l'oeil bienveillant des frères Lumière immortalisés en médaillon. Les structures métalliques qui donnent un style «Effeilien» à l'ensemble, rappellent l'origine de ce bâtiment...

Tout a commencé le 7 août 1890, quand le maire Evariste Gras décida d'acheter cet enclos de terre battue, dans le but d'y faire construire un hôtel des postes et un marché couvert.
En cette période où la tour Eiffel venait de faire sensation à Paris et dans le monde, l'ingénieur chargé de la construction du marché, M. Delestrade, édifia les halles dans le même style. Ce fut la fête pour l'inauguration, le 31 janvier 1892 : la population se bousculait entre les baraques et le bal installé sur la place !
cin%E9ma%20lumi%E8re.jpgMais les habitudes étant difficiles à changer, les forains de la place des Fruits (Sadi-Carnot), ou ceux de la place des Servites (Esquiros), n’apprécièrent guère de se retrouver à l'abri du soleil ! Et le marché, boudé, se trouva bien trop grand. Ce petit malheur réussit à un astucieux Ciotaden, qui eut l'idée, suite au succès obtenu par les projections de cinéma à l'Eden, d'aménager ici un deuxième cinéma.
Cinéma depuis 1913 La municipalité accepta volontiers d'accorder un bail commercial à Léon Pardos, qui fit construire sur la façade Ouest une belle entrée aux escaliers de marbre, s'ouvrant sur une grande salle garnie de fauteuils et bancs en bois. Il lui donna le nom de Kursaal, qui signifierait «salle de réunion». La séance inaugurale eut lieu le 29 mars 1913, avec la projection du film «Les Misérables». Il semblerait que pendant la guerre de 14/18, des projections d'images de guerre aient été organisées pour financer l'achat de vêtements pour les prisonniers originaires de La Ciotat.

lumi%E8re%202.jpgDe bail en bail, les exploitants du cinéma se sont succédés. Mme Liautaud se souvient d'Emile et Jeanne Musso, qui ont dirigé le cinéma de 1941 à 1950. «Tous les soirs le cinéma s'animait d'une foule joyeuse
qui, après avoir réglé le billet dans la cage de verre à droite en entrant, bavardait dans le hall, buvant un verre au comptoir, ou réclamant un frigolo. Le week-end, il était préférable de réserver sa place. M. Musso marquait alors les réservations sur son grand plan. Les affiches étaient distribuées en ville par
Aimé, remarqué par tous pour sa silhouette longiligne et sa longue perche !»
Viviane Bartalini est fille d'un passionné de cinéma, Lazare Valentin. Ce dernier, dit-on, avait prénommé sa fille ainsi, séduit par l'actrice Viviane Romance. Après avoir tenu pendant 36 ans le bar de la Civette sur le port, Lazare réalise enfin son rêve : tenir le Kursaal. Viviane avait 18 ans. Depuis, sa vie ne quitte guère les salles obscures, et ses filles non plus, d’ailleurs !
Après six mois de travaux, le Kursaal re-baptisé Lumière a ouvert ses portes le 7 juillet 1987 sur une place du marché relookée, à l’occasion du Festival du film d'aventure, en présence du directeur du Centre national cinématographique spécialement venu de Paris. Une nouvelle ère commence alors pour ce quatrième cinéma qui diffuse 7 jours sur 7 les images animées, et recevra bien d'autres festivals de cinéma...
Aujourd’hui, en complément d’une programmation de qualité, incluant des avant-premières et des rencontres avec les équipes de tournage, le cinéma Lumière est le partenaire privilégié des festivals et événements liés au 7ème art.
Autant de manifestations, organisées par la municipalité et les associations, qui viennent conforter l’image de La Ciotat, ville de cinéma.

6 salles de cinéma !

Sans compter la 1ère projection de cinéma, qui eut lieu à La Ciotat le 21 septembre 1895, en privé au Palais Lumière, c'est bien six salles qui ont eu une vocation de cinéma, depuis l'invention du cinématographe : l’Eden-Théâtre, le Palmier, le Kursaal, le Théâtre, le Familial et le Lumière.

Le plus ancien

Le premier cinéma de la ville est incontestablement l'Eden-Théâtre. Il a reçu dès mars 1899 un artisan ambulant qui apportait son propre projecteur pour passer de petits films, en alternance avec du music-hall ou des saltimbanques.