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Un destin exceptionnel Une heureuse destinée a mis fin au périple du christ de l'Ile verte. Oublié depuis la guerre, il a été généreusement restauré et attend dans l'église Notre-Dame sa prochaine destination. Récit d’un conte extraordinaire. Commence alors un long périple de deux ans. Avec l'accord du maire actuel, l'autorisant à emporter le christ, patrimoine de la ville, pour une restauration à ses frais, le généreux architecte le confie à la fonderie Valsuani, dans les Yvelines ; “la seule capable de traiter des pièces d'une telle taille, précise-t-il. C'est là que Rodin faisait couler ses bronzes, on y travaille encore à l'ancienne, avec une grande maîtrise de l'art”. Parallèlement à la restauration, longue et attentive, ce passionné d'art met tout en oeuvre pour reconstituer l'histoire, allant même jusqu’à consulter les archives du Vatican... C'est lorsque son frère, Léonardo Benatov, sculpteur, entreprend de reconstituer le bras droit manquant, qu'il découvre, d'après la position des bras typique de la Renaissance italienne, son illustre créateur, confirmé par les archives du Vatican : Jean de Bologne. Architecte sculpteur français parti sur les traces de Michel-Ange en 1545, Jean de Bologne a participé à la transformation de la chapelle Sixtine. “Ses christs sont porteurs de paix, humanistes et fédérateurs, leur message est unificateur de la planète. Le christ de l’Ile verte n’exprime plus la souffrance, il dort". Au musée, un tableau montre l'embarquement du christ pour l'Ile verte, le 17 décembre 1821. “Bonaparte venait de mourir, commente Rurik Bounatian, et dès lors l'église re-christiannise la Provence, marquant symboliquement la fin de l'Empire”. Une symbolique forte Les archives du Vatican en attestent : le pape Pie VII a choisi pour l'Ile verte cette oeuvre importante. Car, selon Rurik Bounatian-Benatov, le site, dont le protecteur est Saint-Pierre, est porteur d'une forte symbolique : il forme avec la Sainte-Baume et Saint-Maximin un "triangle sacré" où Saint-Pierre, Marie- Madeleine et Lazare se répondent. Le christ de l'Ile verte connut ensuite bien des péripéties. Posé d'abord sur une croix de bois qui brûla deux fois, il fut fixé sur une croix en métal, style "Eiffelien". Jusqu'au jour où les Allemands, dressant leurs fortifications, le détrônèrent. Les bombardements du 12 août 1944 achevèrent de le briser avant qu’il ne disparaisse, jusqu'à ce qu'un plongeur-démineur le découvre après la guerre et le remette au musée. L’analyse faite lors de la restauration a confirmé une curieuse modification de la fonte. D’après l’architecte, c'est le miracle du bombardement : les actions conjuguées du phosphore dégagé par les bombes, de l'eau et du sel sur la fonte ont cristallisé celle-ci, protégeant la sculpture de l'érosion. Deux années ont été nécessaires pour effectuer ce nettoyage délicat et cesser le processus de rouille. Le dernier chapitre de cette belle épopée s'est déroulé fin janvier à l'église Notre-Dame, lorsque Rurik Bounatian-Benatov a restitué le christ magnifiquement restauré, en présence notamment de Jacqueline Peloux, adjointe au maire déléguée au Patrimoine culturel et cultuel, qui l'a vivement remercié au nom de la municipalité, et du Père Rast. L’histoire n'a pas encore révélé tous ses secrets et son bienfaiteur rêve de reconstruire la chapelle Saint-Pierre à l’identique, qui abriterait le christ enfin retourné sur sa terre d’élection. Quelques dates |