Une belle histoire

Que d’années écoulées depuis l’époque où, au pied du rocher du Bec de l’Aigle, des broussailles laissaient émerger quelques figuiers. Classé depuis 1987, ce site, soigneusement entretenu, est à présent couvert d’une végétation remarquable. Remontons le fil de l'histoire...

24%2025%20Parc%205.jpgPas d'habitations, sinon deux à trois cabanons pour ranger les outils, sur ces terres blotties contre le «Sec», plantées de quelques vignes et oliviers au milieu de parcelles incultes. Les propriétaires étaient alors maçon, patron-pêcheur, charpentier, capitaine, tailleur, drapier ou encore négociant. Le cadastre napoléonien nous apprend qu'en 1805, trois propriétés agricoles constituaient le site du Mugel-Bec de l'Aigle.

C'est en 1870 que Charles-Emile Robert, négociant à Calcutta devient, après des rachats successifs, l’unique propriétaire des 24%2025%20Parc%209.jpg17 hectares. Dès lors, tout en conservant son identité rurale, le domaine sera embelli, au fil des années, par ses différents propriétaires. En 1888, Augustin Bourgogne, négociant à Marseille, achète la propriété pour l'offrir à ses filles qui épousent les frères Jauffret. Ces derniers, entrepreneurs, font construire la bastide, et installent le système d'irrigation actuel. Plus tard, Paul Bastide, médecin, loge un ouvrier agricole dans une ferme qu’il fait bâtir à l'entrée du parc, et c’est en 1923 que Louis Fouquet développera étonnamment les espèces végétales et fera édifier diverses constructions. Au cours de la guerre, le site sera bombardé et dévasté par les dispositifs allemands.

C'est l'entrepreneur Bronzo qui achète la propriété sinistrée en 1948, et se charge de la nettoyer en effaçant les traces de la guerre. Il fait appel à Lucien Rouvier pour réaménager le parc, qui plantera notamment une roseraie de 1100 pieds autour d’une fontaine à l’emplacement d’un blockhaus. Quatre ans plus tard, la Ville lui achète 13 hectares pour installer un centre d'apprentissage de ménage, couture et secrétariat et créer un parc public. Dans les 4 hectares qu’il conserve au bord de mer, à «Nego Frumo», Baptistin Bronzo construit une villa, avant que sa propriété ne soit acquise par le Conseil général en 1982. Depuis près d'un quart de siècle, la municipalité entretient et embellit le parc du Mugel, où l'Atelier bleu devenu centre permanent d'initiation à l'environnement oeuvre sans relâche à la protection du littoral.
Des associations se sont mobilisées pour protéger le site, comme le Comité écologique en 1975, ou encore l'Atelier bleu du Cap de l'aigle créé en 1981.

24%2025%20Parc%201.jpgFouquet : l'apogée du Mugel (1923-1947)
Grossiste en bois et charbons, Louis Fouquet habite marseille, mais vient passer ses week-ends en famille ou avec des amis dans le cabanon transformé en belle demeure par le maçon, M Taparro.Il bâtira aussi des terrasses, buanderie, poulailler... et complètera le système d'irrigation par d'autres bassins avec une motopompe. En embauchant Lucien Rouvier en 1929, il trouve celui qui saura diversifier, avec goût, la végétation. La terre produit une centaine de litres de bon vin muscat, toutes sortes de fruits, des olives de confiserie, des câpres, et même de l'huile d'olive. La guerre interrompra cette belle période.

Lucien Rouvier, jardinier aux mains d'or (1910/2001)
L'histoire commence en 1925. C'est le maître de main et de coeur du parc du Mugel, le premier à constituer cette belle réserve botanique, pour le service de M. Fouquet dans les années 30, ensuite pour M. Bronzo, et enfin pour la Ville qui lui confiera ses espaces verts pendant 25 ans. Une tâche qu'il accomplira avec une passion inégalable, allant chercher les graines ou espèces rares sur la côte d'Azur, notamment. Il alterna des mimosas et palmiers à l'allée d'amandiers qui mène à la ferme, planta une roseraie en contrebas de la terrasse, et des lilas, bougainvillées, glycines... C'est à lui qu'on doit, entre autres, la si belle bambouseraie dont les premiers spécimens avaient été rapportés d’Extrême-Orient, à sa demande, par son père, navigateur.

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